Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 21:10

"Non à la spéculation foncière, le pays Basque n'est pas à vendre!" Chacun connait ce slogan taggé sur nos murs, répété à l'envi par les militants abertzales. Quelles conséquences tirent-ils de cette affirmation péremptoire?  A Anglet en particulier.

 Avant d'aller plus loin, rappelons que selon l'actuel Plan Local de l'Habitat, 97% des logements construits avant 2010 sur l'agglomération Bayonne-Anglet-Biarritz n'étaient accessibles qu'à 20% de la population. Redonnons aussi un chiffre donné par les promoteurs eux-même: 70% des logements neufs qu'ils construisent sont achetés par des investisseurs, 30% seulement par des propriétaires-occupants dont bon nombre d'ailleurs utiliseront leur bien en résidence secondaire. C'est ce qu'on appelle le marché "libre". Les prix sont "libres", et les acheteurs libres de faire ce qu'ils veulent de leur bien. 

 L'actuelle avenue de Bayonne

anglet 3 aout 2010 019Alors que faire pour loger nos compatriotes, ceux qui vivent toute l'année sur notre territoire, et qui ne peuvent acheter un logement à 4000 €/m2? (1)

Je  vois une réponse: construire du logement "aidé", car celui là on est sûr qu'il sera la résidence principale de celui qui l'occupe. C'est à dire construire du logement locatif social où de l'accession sociale à la propriété. C'est pourquoi sur Anglet, la Municipalité exige des promoteurs, sur toutes leurs opérations, qu'ils construisent au moins 30% de logements sociaux. Voilà pourquoi aussi, pour toutes les opérations d'envergure qu'elle maitrise, elle se fixe l'objectif de réaliser 40% de logement locatif social, 20% d'accession sociale et seulement 40% de logements du marché dit "libre". Agir ainsi c'est  construire pour tous, et assurer la mixité sociale aujourd'hui gravement menacée à Anglet. Je redonne une fois de plus ce chiffre inquiétant: En 10 ans notre ville à gagné 4000 habitants mais a perdu, dans le même temps 500 élèves dans ses écoles, soit 20% de leurs effectifs.

On pourrait donc penser que les abertzales sont d'accord avec cette politique. "Le Pays Basque n'est pas à vendre!". Et bien non, nous n'avons pas compris le message. Pour Angeluzain, le groupement des nationalistes basques d'Anglet, le projet  de construire près de 500 logements (dont environ 200 logements sociaux)  le long de l'avenue de Bayonne  est mauvais car "elle [la Municipalité de gauche] concentre ces logements sociaux dans un périmètre trop rapproché. Ceci est contraire à la tradition de mixité de notre ville. Nous lui suggérons... de répartir ces mêmes logements sociaux sur l'ensemble de la RD 810, à droite et à gauche, dans un périmètre qui va du Cadran près de Casino, jusqu'au rond-point des hotels sur cette même route, en allant vers l'aéroport. Il faudrait imaginer un projet plus audacieux [...] en lieu et place d'immeubles de 11 étages(2). En construisant des immeubles de logements sociaux mieux répartis, ce projet à davantage de chance d'être accepté par la population". 

Donc pour Angeluzain, il faut moins de logements sociaux. Et par voie de conséquence plus de marché libre. Pour Angeluzain, le slogan complet doit être "le Pays Basque n'est pas à vendre... sauf aux promoteurs!" 40 % de logement social c'est "trop concentré"!  

" Voilà que [la  Municipalité] veut absoluement remplir son objectif de 12% de logements sociaux d'ici la fin de sa mandature" se scandalise Angeluzain. Je confirme: on veut, absoluement! J'aggrave même mon cas: Notre objectif est précisément de 12,7%. Angeluzain est contre? Il faudra qu'elle l'explique aux 2000 foyers qui ont déposés un dossier de logement social sur Anglet, et qui attendent impatiemment, certains depuis plusieurs années, que les logements promis sortent de terre. Je ne crains pas de déplaire à l'opposition municipale, et à Angeluzain en particulier. Mon regret serait que leurs manoeuvres aboutissent et nous empêche de répondre aux besoins de ces compatriotes. Dont certains on cru les abertzales quand ils affirmaient "le Pays Basque n'est pas à vendre". Nous ferons sans leur soutien, mais qu'ils en soient persuadés, nous ferons. C'est affaire de justice.

 

PS: J'ai déjà écrit que j'étais prêt à engager sur ce blog un dialogue loyal avec les abertzales sur les problèmes d'urbanisme et de logements. J'avais fait cette proposition persuadé que nos désaccords sur ces dossiers reposaient sur des malentendus, et que nous nous retrouverions certainement sur les objectifs d'un urbanisme "durable" pour une ville plus désirable et plus solidaire. Je renouvelle mon offre, quoique je commence à douter.

 

(1) Prix moyen sur Anglet d'un logement neuf. Ce qui amène un simple T3 de 70 m2 à 280 000€.

(2) Sur les 9 immeubles du projet, le plus haut fait 11 niveaux, soit 10 étages. La hauteur moyenne est de 8 niveaux, soit 7 étages, ce qui correspond aux hauteurs des immeubles existants. On lira dans ce blog les nombreux articles consacrés à la hauteur des immeubles. 

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
le pays basque n'est pas à vendre.mais qui l'a vendu ?les basqujes eux memes car la majorité des terres étaient détenues par des petits paysans .Mais il n'ont pas su résister aux sirènes du<br /> porte-monnaie.Et ils ne se sont pas demandés si cela pouvait leser leurs congénères Alors demandez des comptes a ce qui ont vendu.et ne rendez pas responsables les acquéreurs .
Répondre
J
<br /> <br /> Je n'accuse personne! Et surtout pas les acquéreurs.<br /> <br /> <br /> Le problème c'est la spéculation immobilière. On ne pourra la contenir qu'avec la volonté d'utiliser tous les moyens réglementaires à notre disposition. A Anglet on essaye de faire au mieux dans<br /> ce sens. Malgré une opposition dont les aberztales font partie: voilà la raison de mon titre qui constate simplement leurs contradictions.<br /> <br /> <br /> <br />
I
Contrairement à ce que vous affirmez ANGELUZAIN est d'accord sur l'objectif de 12 % de logement sociaux en fin de mandature et plus si cela était possible.<br /> Comme la majorité actuelle n'a pa été capable de proposer un PLU et voyant la fin de la mandature dans moins de trois ans elle agit en faisant à travers la Communauté d'agglomération une<br /> modification du PLU à la limite d'une révision (à voir). Cela la contraint à construire sur un périmètre réduit.<br /> Notre proposition : Achevez le PLU qui devrait permettre d'avoir une vision plus large. Puis construisez ces mêmes logements sociaux et plus si possible le long de la RD 810 et de l'avenue<br /> d'Espagne. On ne peut pas agir avec précipitation lorsqu'il s'agit de construire la ville d'une manière cohérente. Mais voilà, voyant que vous n'avez plus bcp de temps pour agir vous faite<br /> n'importe quoi.<br /> Vous observez tant pour ce projet que pour celui de la salle culturelle grandir le mécontement de la population; biensûr vous n'en tenez pas compte. C'est bien dommage.
Répondre
J
<br /> <br /> Vous affirmez ici partager notre objectif de construire du logement social. J'en suis heureux car j'avais compris exactement le contraire en lisant Sud-ouest.<br /> <br /> <br /> Vous estimez qu'il faudrait attendre la révision générale du PLU pour avoir une vision plus globale et  construire du logement aidé sur un périmètre plus large.<br /> <br /> <br /> Deux objections à cette critique.<br /> <br /> <br /> La vision générale nous l'avons. Contrairement à votre affirmation dans l'article de Sud-ouest nous ne "concentrons" pas les logements sociaux sur l'avenue de Bayonne. Prévoir 40% de<br /> locatifs sociaux, accessibles je le rappelle à 70 % des angloys,c'est simplement construire Anglet pour tous. En outre nous ne construisons pas un quartier entièrement nouveau: les bâtiments<br /> qui sortiront de terre s'intègrent dans un bâti existant avec une population nombreuse, où il n'y a pas de logements sociaux. Au final, le pourcentage de logements aidés ramené à l'ensemble du<br /> quartier sera assez faible.<br /> <br /> <br /> Nous avons une obligation : atteindre les objectifs du PLH qui prévoit que nous construisions 150 logements par an entre 2010 et 2015. Pour 2010 et 2011 nous atteignons ces objectifs en<br /> construisant dans divers quartiers d'Anglet. Le coeur de ville, autour de l'avenue de Bayonne s'inscrit dans ce plan de marche. Si nous vous écoutions, cela veut dire très concrètement que<br /> nous  ferions comme nos prédécesseurs qui affirmaient vouloir faire du logement social mais n'en produisait guère. Car ailleurs le long de la RD 810, sur le périmètre que vous nous proposez<br /> il n'y a pas à court terme des opportunités pour produire significativement du logement social. Si certaines apparaissent -PLU révisé où pas - nous les examinerons avec toujours une<br /> volonté de mixité sociale.<br /> <br /> <br /> Votre réaction interroge: Faut-il avoir peur du logement social, puisque vous semblez penser qu'il n'est supportable qu'à dose homéopathique? Je le rappelle, 70% des angloys peuvent prétendre à<br /> un logement social type PLUS. Il y a aujourd'hui près de 2000 logements sociaux sur Anglet, soit 10% des résidences principales. Cela pose-t-il un problème, y compris dans les quartiers où<br /> ils sont "concentrés"? On nous a expliqué qu'il ne fallait pas construire de logements sociaux dans l'écoquartier du Maharin car, je reprend la formulation d'un tract diffusé à<br /> Montbrun, "le quartier est largement pourvu en logements sociaux". Y a-t-il un problème à Montbrun?<br /> <br /> <br /> On construit 14 logements locatifs sociaux à la Bécasse: c'est une erreur nous dit l'opposition. Au Maharin c'est aussi une mauvaise idée, sur l'avenue de Bayonne également. Comment<br /> comptez-vous atteindre l'objectif des 12,7% de logements locatifs aidés si on ne peut les implanter nul part où cela est aujourd'hui possible, et de notre point de vue, souhaitable? <br /> <br /> <br /> La peur du logement social repose sur des images qi'il faut combattre car elles n'ont rien à voir avec la réalité locale. La population qui vit au petit Bayonne est bien plus défavorisée que<br /> celle de nos HLM angloyes. Il faut expliquer à nos concitoyens qu'il s'agit de construire pour tous, pour ceux qui vivent et travaillent ici. Et que la seule<br /> solution pour y parvenir c'est de prendre à la promotion privée une part importante du marché immobilier. Je pensais naïvement pouvoir compter sur les abertzales pour ce<br /> combat.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de Jean-Pierre Voisin
  • : Jean-Pierre Voisin, adjoint au maire d'Anglet de 2008 à 2014 en charge de l'urbanisme, livre ici son point de vue sur les dossiers locaux et dialogue avec les angloys. Ses propos n'engagent que lui-même.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens