Article paru le 10 janvier 2012 dans le journal du Pays basque.
«Les pétitionnaires sont contre le bétonnage d’Anglet ? Moi aussi !»
Entretien avec Jean-Pierre VOISIN / Adjoint angloy au Développement urbain
Conforté par l’avis favorable du commissaire enquêteur, rendu en début de semaine dernière, l’adjoint angloy à l’Urbanisme, Jean-Pierre Voisin, estime que le projet “cœur de ville” se trouve “en bonne voie”. Il répond aux critiques malgré tout persistantes à l’égard de cet aménagement de l’ex-RN 10.
Avez-vous été surpris par l’absence de réserve et de recommandations dans l’avis rendu ?
Je n’ai pas été surpris. C’était un avis que nous espérions, même si nous n’avions aucune certitude. L’enquête publique est là pour ça : elle permet à une personnalité indépendante et compétente de donner un avis sur la faisabilité juridique et l’opportunité en termes d’aménagement public d’un projet. C’est une bonne nouvelle.
Considérez-vous “cette bonne nouvelle” comme un feu vert au projet ?
On entre maintenant dans la procédure habituelle. Il y aura un permis de construire, qui sera rendu public. Des riverains pourront s’y opposer, intenter un recours. Rien n’est donc définitif. Mais nous sommes sur la bonne voie, je suis optimiste pour la suite. L’avis, argumenté, nous conforte quant à la validité et la qualité de notre projet.
Envisagez-vous la moindre modification ?
Le commissaire enquêteur a souligné la qualité de notre projet. Nous sommes engagés, nous n’avons pas l’intention de le modifier. Il peut y avoir des évolutions à la marge, mais on ne remettra pas en cause l’esprit général.
Que pensez-vous du contre-projet de l’opposition UMP-MoDem-société civile, qui vous invite notamment à réduire la hauteur des bâtiments ?
Nous avons essayé de respecter les principes de développement durable. On ne peut pas construire la ville comme dans les années 1970-1980, quand on consommait du foncier au détriment des espaces agricoles et naturels. Aujourd’hui, on sait que le foncier est rare et qu’il faut l’économiser. En plus de cela, il y a une vraie urgence à Anglet, avec 2 000 demandes de logements sociaux en attente. Pour préserver la ville-jardin et satisfaire ce besoin, il faut que dans certains endroits, on accepte une densité plus forte. Le Padd de 2004 (Projet d’aménagement et de développement durable, document politique exprimant les objectifs de la collectivité sur une période de 10 à 20 ans), élaboré par nos prédécesseurs, souligne que l’ex-RN 10 est le quartier où ça doit se faire, en cœur de ville, avec des services publics et des transports en commun. Tout cela contredit les propositions de l’opposition. Si on fait moins de logements là, il faudra construire ailleurs et densifier d’autres quartiers d’Anglet.
Une pétition contre le projet aurait recueilli près de 1 000 signatures. Allez-vous en tenir compte ?
Cette pétition a été remise au commissaire enquêteur. Nous ne la connaissons pas, on va essayer de se la procurer. Il y aurait environ 900 signataires. J’aimerais d’abord m’assurer qu’il s’agit d’Angloys, car elle a été présentée sur le marché de Quintaou. Elle défend la ville-jardin et prend position contre le bétonnage d’Anglet. Mais moi aussi, je suis contre le bétonnage ! Nous construisons moins que nos prédécesseurs. Sur les quatre dernières années, ils ont fait 2 848 logements, soit 700 par an. Nous sommes à 350 par an. Ce n’est pas du bétonnage !
Les gens auraient donc mal compris votre projet.
Il n’a peut-être pas été suffisamment expliqué. Nous avons fait une exposition de six semaines, visitée par 1 200 personnes. Il reste du travail à faire en terme pédagogique. Après, si 900 personnes sont contre les logements sur l’ex-RN 10, il y en a aussi 2 000 qui attendent un logement.
Avez-vous suffisamment concerté et/ou informé la population ?
Ce projet “cœur d’Anglet” fait partie d’un projet plus global, le “projet de ville”, dont une brochure a été envoyée à tous les Angloys. Nous avons fait quatre réunions publiques là-dessus. Il y a eu l’exposition, des articles dans la revue municipale et la presse. On n’en a sans doute pas fait assez, mais c’est quand même pas mal. Nos prédécesseurs n’ont jamais fait une réunion publique…
Vous êtes également critiqué pour avoir voulu passer en force, en modifiant le Plu (Plan local d’urbanisme) plutôt qu’en le révisant, ce qui est plus rapide…
Il s’agit en fait d’une révision simplifiée, qui est une procédure permettant une révision quand cela s’inscrit dans l’esprit du Padd. Les tribunaux s’y réfèrent. Or, le Padd de 2004, qui est un bon document – l’opposition l’avait dit à l’époque –, prévoyait cette densification.
Derrière cet argument, il vous est reproché de vouloir remplir au plus vite vos objectifs de logement sociaux…
Je l’assume complètement. Deux mille personnes attendent un logement social à Anglet. Les situations sont parfois dramatiques. D’autres fois, elles sont ordinaires, avec des enfants contraints de continuer à vivre chez leurs parents. La révision générale en cours prendra encore un an. On ne peut pas attendre, on veut aller vite. Cela s’inscrit dans une démarche globale de trois ans. Ce n’est pas un coup fourré en catimini.
Certains élus PCF s’inquiètent de la qualité du logement social prévu, différenciant les PLAI et PLUS, des PLS
plus chers. Qu’en sera-t-il ?
Quand nous parlons de logement social, il s’agit de PLAI et de PLUS. Les PLS n’en sont pas. Tous les logements sociaux proposés seront de type PLAI et PLUS. Pour ce qui est du Col, 87 logements sont prévus, 60 % en accession sociale, 40 % en locatif social PLUS ou PLAI. Avec Alday, il y aura entre 30 et 40 % de logements sociaux PLUS ou PLAI. A Bovéro, un tiers sera en locatif social PLUS et PLAI, un tiers en accession sociale et le dernier tiers en marché libre. Au total, cela fera entre 30 et 40 % de logement social, 20 à 25 % d’accession sociale et environ 40 % de marché libre. Les communistes disent qu’il n’y a pas assez de logement social, Angeluzain qu’il y en a trop, que cela sera un ghetto. Entre les deux, nous sommes dans un bon équilibre.
Le projet Bovéro est porté par un partenariat public-privé alors que le terrain est municipal. Pourquoi ne pas
avoir fait appel à un opérateur public ?
On a considéré qu’en faisant 100 % de logement social avec le Col, il fallait maintenir une mixité sociale. La vraie mixité, c’est faire vivre ensemble population aisée, classe moyenne et couche populaire. La richesse d’une ville, c’est sa diversité.
Pierre MAILHARIN