"Comment accueillir au Pays basque, dans les décennies à venir, de 50 à 80 000 personnes supplémentaires sans consommer un hectare de terres agricoles?"
Cette question posée comme un défi (impossible?) par un urbaniste lors d'une réunion consacrée au projet "Aménageons le Pays basque", résume bien le problème auquel est confronté notre territoire.
Quelques chiffres pour illustrer notre pratique actuelle, qui conduit à l'étalement urbain et à la destruction programmée des territoires agricoles:
Depuis 10 ans, chaque année, nous urbanisons sur les 48 communes du SCOT , c'est à dire le bassin de vie de l'agglomération bayonnaise, 125 hectares de terres agricoles. Sur une décennie nous avons donc perdu 1250 hectares , soit la superficie de la commune de Biarritz (1160 ha) ! Peut-on continuer ainsi?
Certes, nous ne sommes pas les seuls à gaspiller nos terres les plus fertiles. Ce mal est un mal français. Chaque jour nous urbanisons en France 230 hectares, pour 62 millions d'habitants, quand l'Allemegne n'en consomme que 100, pour 80 millions d'habitants. Devons-nous en prendre notre parti?
On nous explique que désormais l'avenir est à l'agriculture de proximité, qu'il faut privilégier les circuits courts et les produits locaux. D'ores et déjà, les AMAP (association pour le maintien de l'agriculture paysanne) qui se multiplient sur l'agglomération voient leur développement freiné, faute de producteurs locaux qui puissent les approvisionner. Et on va continuer à détruire les terres agricoles, notre garde-manger, autour de l'agglomération?
Oui, il faut économiser les terres agricoles. A Anglet aussi? A Anglet aussi.
Il y a aujourd'hui dans notre ville de grands secteurs qui ont conservé une vocation agricole: Le Refuge, la frange de l'aéroport, et Sutar. Il n'est pas possible de conserver la totalité de ces espaces pour l'agriculture; ils sont d'ailleurs aujourd'hui classés en zone " 2AU", donc urbanisable à long terme. Mais nous devrons y réserver des espaces agricoles, pour maintenir une respiration verte au milieu de la ville. Ces terres rempliront aussi un rôle essentiel: devenir le conservatoire du savoir faire ancestral angloy, puisqu'Anglet fut longtemps une terre maraîchère qui nourrissait Bayonne et Biarritz.
Et plutôt que de continuer à étaler la ville, à consommer sans modération les terres disponibles, nous devrons veiller à économiser les sols en "densifiant" un peu les nouvelles constructions et en utilisant au mieux les parcelles disponibles dans les secteurs urbanisés. Nous avons déjà eu l'occasion d'en parler dans des articles précédants.