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Jean-Pierre Voisin, adjoint au maire d'Anglet de 2008 à 2014 en charge de l'urbanisme, livre ici son point de vue sur les dossiers locaux et dialogue avec les angloys. Ses propos n'engagent que lui-même.

L'avenir de BAB2 et des commerces d'Anglet.

Au moment ou IKEA est programmé sur Ametzondo à Bayonne, alors que dans le même temps, plusieurs projets de centres commerciaux de grandes tailles sont annoncés dans le sud des Landes, on peut légitimement s’interroger sur l’avenir de la zone commerciale de BAB2 et de Géant, sur le territoire d’Anglet, au cœur de l’agglomération.

 

Une consommation qui évolue.

Cette interrogation est d’autant plus légitime que l’évolution de la consommation, constatée sur tout le territoire national, laisse penser que nos concitoyens se détournent progressivement des hypermarchés, au profit des petites et moyennes surfaces. Cette évolution vient d’ailleurs questionner la pertinence des projets énormes annoncés en périphérie (on parle de 200 000m2 de surface commerciale créée), qui semblent relever d’une logique aujourd’hui dépassée.

Les hypermarchés d’Anglet ont vu le jour à la fin des années 60 et se sont épanouis dans les années 80, au moment ou les français découvraient les joies de la consommation… et de l’automobile. Aujourd’hui, la crise étant venue, la consommation est en berne et l’automobile n’est plus reine. Les consommateurs se détournent des grandes surfaces au profit des magasins discount et des commerces de proximité. Les premiers chiffres de l’enquête ménage déplacements (EMD)[1] qui vient d’être réalisée sur le bassin de vie de Bayonne, montre en outre que la place de la voiture dans les déplacements quotidiens commence à baisser.

Des hyper en cœur de ville.

Ces « hyper » avaient été implantés à l’époque « en périphérie » de Bayonne. « BAB2 » est même construit sur une décharge d’ordure ménagère qui était encore en service dans le courant des années 70. Mais cette banlieue déqualifiée est devenue le cœur de l’agglomération. Construites pour l'automobile, les machines commerciales d’Anglet ne sont plus aussi facilement accessibles en voiture. La circulation, fluide il y a quelques années, commence en effet à devenir trop chargée, en particulier aux heures de pointes. Résultat : la « zone de chalandise »[2] des hypermarchés angloys, et des boutiques qui les accompagnent, s’est progressivement réduite.

Nos grandes surfaces sont donc confrontées à un triple défi :

-         Résister à la concurrence de nouvelles grandes surfaces, dont on annonce l’implantation prochaine.

-         Prendre en compte les évolutions de la consommation qui semblent se faire à leur détriment.

-         Gérer leur implantation en cœur d’agglomération, atypique pour des commerces de leur catégorie.

Si elles ne maitrisent pas les installations futures de la concurrence, elles peuvent par contre développer une stratégie qui leur permettra d’accompagner les mutations en cours.

 

Faire du cœur d’agglomération un centre ville.

Je ne suis pas un spécialiste des pratiques commerciales, mais j’ai un regard sur la ville, et une petite idée du devenir de l’agglomération, en particulier de ce « croissant fertile » qui va de l’Adour à Bernain sur l’avenue de Bayonne (ex RN 10), en passant par les Pontots, BAB2 et le Busquet. Ce cœur géographique de l’agglomération n’est pas encore un « centre ville » Il a vocation à le devenir progressivement. Et c’est cette évolution que les grandes surfaces doivent accompagner, encourager même, pour ne pas mourir lentement.

On ne reviendra pas en arrière : la circulation automobile en ville sera de plus en plus difficile. Pour éviter la thrombose les collectivités publiques mettent en œuvre une politique ambitieuse (et couteuse !) pour proposer des alternatives à l’automobile : transport en commun en site propre, création de pistes cyclables… par exemple. Mais il n’y aura pas de miracle et il est impensable que nos concitoyens se détournent massivement de l’automobile, et pour une raison simple : beaucoup d’entre eux n’ont pas le choix. La circulation automobile restera difficile.

 Dans ses conditions, les grandes surfaces doivent collaborer avec les pouvoirs publics pour favoriser l’accès à leur magasin par le bus ou le vélo. On sait, parce qu’on l’a vérifié ailleurs, que de nombreux consommateurs choisiront de fréquenter leurs rayons en utilisant ses moyens d’accès alternatifs.

 

Des parkings différents.

Elles doivent aussi s’interroger sur l’utilisation judicieuse des terrains aujourd’hui consacrés au parking. On sait  faire des parkings silos, de trois ou quatre  étages, qui évitent de longs cheminements aux clients pour rejoindre leur voiture avec leur chariot, parfois sous la pluie. Avec ces silos on peut stocker le même nombre de voiture qu’aujourd’hui en récupérant une bonne partie des parkings de surface pour d’autres usages. En redessinant complètement ce secteur, on pourrait créer un vrai centre ville avec des commerces reconfigurés et diversifiés, des logements, des bureaux, des activités artisanales, et de nouveaux équipements publics.

 

Tout ne se fera pas en huit jours, ni même en cinq ou dix ans. Mais si on ne va pas dans cette direction, on peut s’interroger sur le devenir des grandes surfaces généralistes ou spécialisées dans ce secteur, à la frontière de Bayonne et d’Anglet. Et sur les boutiques qui les accompagnent en cœur de ville. 



[1] Je reviendrai sur les résultats de cette enquête quand ils seront publiés.

[2] On appelle zone de chalandise le territoire de résidence de  la clientèle habituelle du magasin.

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