Un article récent paru dans Sud-Ouest, consacré au tramway de Bordeaux, nous montre l'intérêt et les limites des transports en commun dans les villes modernes. Quelles conclusions peut-on en tirer pour notre agglomération du B.A.B.?
Sud-Ouest constate tout d'abord que depuis l'arrivée du tramway au coeur de l'agglomération girondine la part modale de la voiture dans les déplacements à baissé de cinq points, de 64 à 59%. Mais le journaliste souligne dans le même temps que le tramway, aujourd'hui saturé, devient aux heures de pointe "une bétaillère". Selon lui, l'image très positive du tramway ne cesserait de se détériorer dans l'esprit du public, et la circulation en ville serait toujours aussi difficile.
Alors, réussite où échec?
La réponse est importante pour nous, sur le B.A.B., au moment où l'agglomération "Cote Basque Adour" étudie la mise en place d'un TCSP (transport en commun en site propre), un projet évalué à 180 millions d'euros!
La baisse de 5% de la part de la voiture sur l'ensemble des déplacements bordelais est un résultat positif. Logiquement cela devrait se traduire par une circulation plus fluide. Si nous obtenions le même résultat sur l'agglomération bayonnaise nous doublerions la fréquentation de nos bus, objectif que nous nous sommes d'ailleurs donné.
Pourquoi à Bordeaux le résultat est-il finalement décevant? Puis-je suggérer des hypothèses? Je vois à cet échec apparent une explication: Le nombre de déplacements a globalement augmenté et pour deux raisons. La première est liée à la croissance régulière de la population de la métropole girondine; la deuxième tient à la longueur moyenne des déplacements, en augmentation. Autrement dit les nouveaux résidents ne s'installent pas prioritairement en coeur de ville -trop cher - mais en périphérie, et de plus en plus loin. La voiture reste donc le seul mode de transport pratique pour ces banlieusards qui viennent engorger la ville... bien malgré eux.
Pour notre agglomération les choses sont claires: Sa population va augmenter dans les années à venir, non par la volonté des élus, mais tout simplement parce qu'elle est très attractive. Nos concitoyens recherchent la mer et le soleil, toutes les statistiques nationales le montrent. Or nous avons ici la mer et le soleil (et même la montagne en prime!). L'agglomération croît donc de 1% par an environ. Si nous ne voulons pas multiplier les difficultés de circulation nous devons donc agir sur l'urbanisme et lutter autant que possible contre l'étalement urbain. Accueillir une part importante des nouveaux venus en coeur d'agglomération est nécessaire. Notons au passage que ceux-ci ne viennent pas tous d'ailleurs pour travailler ou goûter leur retraite chez nous. Il y a aussi -et surtout- nos enfants qui prennent leur envol du nid familial et veulent rester au pays!
Nous savons bien que nous ne pourrons pas loger tout le monde sur le B.A.B. Et puis, est-ce souhaitable? Il faut donc qu'une part des nouveaux résidents s'installent dans les petites villes de l'intérieur ou dans les bourgs ruraux. Pour éviter qu'ils ne viennent tous travailler dans l'agglo, avec les bouchons quotidiens que cela provoque, il est donc indispensable de créer des emplois sur ces territoires du pays basque intérieur. Tout se tient, la mobilité, le logement, l'emploi.
Quoiqu'on fasse, on n'empêchera pas l'augmentation de la circulation globale. Comment donc éviter les désillusions bordelaises? en anticipant et en ne mettant pas tous nos oeufs dans
le même panier.
Il ya les transports en commun, certes, mais aussi la marche à pied, les deux roues, le covoiturage, l'auto-partage...
Réduire la longueur des déplacements contraints en rapprochant les emplois et les services publics des lieux de vie, faciliter la ville aux piétons et aux cyclistes, créer les conditions du développement du co-voiturage avec des infrastructures et une réglementation adaptées, faire preuve d'imagination, et ne pas attendre, comme on l'a fait trop souvent ici que le problème soit quasi insoluble pour s'y attaquer... voilà pour les élus et les décideurs locaux quelques pistes de réflexion.
Mais rien ne sera possible si l'opinion ne saisit pas elle-même de ce problème. Certes, tous les usagers - nous en sommes - râlent et s'inquiètent. Des associations sont déjà mobilisées, comme "Ami-chemins" à Anglet, ou BIZI. Mais elles sont encore peu nombreuses et souvent prêchent dans le désert.
A coté du logement, il faut mettre la mobilité au coeur du débat citoyen.