La dernière trouvaille du candidat Sarkosy est toute simple: Il propose de diviser par deux les droits de mutation sur les ventes immobilières, ce qu'on appelle communément et à tort les "frais de notaire" . Ces taxes qui représentent environ 5% du prix de la transaction vont pour l'essentiel aux collectivités locales, communes (1,2 %) et départements (3,6%). Elles représentent environ 10 milliards d'euros par an.
L'objectif de cette baisse annoncée serait de facilité la mobilité des français. J'avoue ne pas très bien comprendre comment une baisse de 2,5% du prix de l'immobilier favorisera cette mobilité, puisque celui qui vend ici va devoir acheter ailleurs. Ce qui est un obstacle à la mobilité c'est le différentiel de prix entre régions. Un parisien qui trouve un travail en province pourra facilement acheter un bien avec la vente de son appartement dans la capitale, surtout s'il s'installe dans une région où le marché immobilier n'est pas tendu, . Mais l'inverse sera impossible. On le voit bien ici, où des entreprises renoncent à s'implanter car l'encadrement nécessaire à la bonne marche de leur nouvelle unité ne pourraient pas les suivre, à cause du coût de l'immobilier. La mesure proposée par Nicolas Sarkosy ne changera rien à cette réalité. Je doute en outre que cette baisse des droits de mutation se traduise par une baisse de l'immobilier. D'abord parce que le prix annoncé est généralement le prix hors taxe, ensuite parce que ce qui fait le prix du bien n'est pas sa valeur intrinsèque mais la loi de l'offre et de la demande: un même bien se négociera, par exemple, deux fois plus cher (au moins!) à Biarritz qu'à Saint Etienne. Dans les zones tendues, le marché aura vite rattrapé les 2,5% qu'on lui aura généreusement offert.
Mais qui va payer les 5 milliards que couterait cette mesure? Les communes et les départements !
Il s'agit pour le candidat aux présidentielles d'affaiblir les collectivités locales gérées majoritairement par la gauche, et qui seraient à ses yeux trop dépensières. C'est porter un coup sévère à l'investissement public qui amortit la crise, porté pour l'essentiel par les collectivités locales. Car ce n'est pas sur le fonctionnement que les collectivités feront des économies - sauf à la marge cela est impossible - mais sur l'investissement. Combien de milliers d'emplois seraient atteints par cette mesure? Moins d'investissement c'est moins de chantier, moins d'emplois non délocalisables, plus de chômage. Encore plus de chômage ! Au moment où on nous vante les mérites du grand emprunt - destiné à doper l'investissement public - on ne comprend pas la logique économique d'une telle mesure. Reste pour le candidat le bénéfice d'une baisse d'impôt jugée populaire mais qui assurément est démagogique.