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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 18:01

 

Parce qu’ils ont appris que des logements sociaux allaient être construits dans leur quartier,  des angloys nous interpellent pour nous dire leur inquiétude. Ils nous disent être favorables à la construction de ces logements mais s’interrogent sur l’urbanisation de leur quartier. Comment celui-ci va-t-il pouvoir absorber cette population nouvelle, et la circulation automobile supplémentaire qu’elle induit nécessairement, alors que la qualité de vie sur l’agglomération se dégrade déjà à leurs yeux ?

La question est légitime. Elle relève même du bon sens.

 

Une voirie inadaptée.

L’urbanisme d’Anglet, fruit de son histoire se caractérise par une densité de construction faible. Deux fois plus faible qu’à Biarritz par exemple. Pendant la deuxième moitié du XXème siècle, la campagne entre Biarritz et Bayonne s’est progressivement couverte de lotissements de maisons individuelles, sans plan préétabli, en fonction des opportunités foncières.terrains Hirigoyen 009

 Les chemins ruraux sont devenus routes, puis rues, sans que les aménagements suivent. Les tracés sinueux, l’absence de trottoir, font de la voirie angloy, trop dangereuse pour le piéton et le cycliste, le domaine de l’automobile. La faible densité ne permet pas aux transports en commun de remplir leur office. Les angloys n’ont pas le choix, ils doivent prendre leur voiture pour se déplacer.

 Depuis une vingtaine d’années, la tendance s’est progressivement inversée et on a construit de plus en plus d’immeubles. Aujourd’hui les deux tiers des angloys vivent en appartement et non plus dans une maison individuelle. Mais la ville reste dessinée par son histoire et a toujours l’apparence d’une banlieue résidentielle.

 

L’étalement urbain, un non sens écologique.

La circulation automobile ne cesse d’augmenter dans l’agglomération du BAB, de l’ordre de 5% par an. Tous les jours aux heures de pointe, les entrées de ville et les grands axes sont saturés, et la situation va s’aggravant, mois après mois. Les jeunes couples, souvent obligés de s’installer loin de la ville pour accéder à la propriété, ou plus simplement pour se loger à prix abordable, prennent leur voiture pour aller au travail. Deux voitures par ménage est de plus en plus souvent la règle. Or l’étalement de la ville, toujours plus loin, est un non sens écologique. La France perd ses terres agricoles, souvent les plus fertiles, en fond de vallée. Tous les dix ans c’est l’équivalent d’un département qui est ainsi avalé par l’urbanisation. Cette dispersion de l’habitat coute fort cher aux ménages qui consacrent une part croissante de leur budget aux déplacements quotidiens, mais aussi aux communes qui doivent créer des infrastructures : voiries, réseaux divers (eau, assainissement, électricité, téléphone…). Sans parler de la production supplémentaire de carbone générée par les transports.

 

Des listes d’attente qui s’allongent.

Il faut donc contrôler cet étalement. Il ne s’agit pas d’interdire à ceux que la campagne attire de s’y installer. Il faut permettre aux familles, et elles sont nombreuses, qui souhaitent rester en ville d’y rester. Sait-on par exemple que 7000 foyers sont en attente de logement social sur la CABAB, et que la liste s’allonge de 10% chaque année ?

Dire qu’il faut accueillir de nouveaux ménages dans l’agglomération, revient à dire qu’il faut aussi en accueillir sur Anglet, cœur géographique de celle-ci, et pas seulement à Bayonne, ou à Tarnos.

La question est : Comment ?

 

Modifier nos comportements.

Car si les nouveaux venus « consomment » la ville comme les actuels résidents on va surement à la thrombose. Le taux de motorisation des ménages est aujourd’hui sur la ville de 1,3. Cela veut dire concrètement que si on construit 100 logements, on amène en même temps 130 voitures nouvelles. Intenable !

Il faut donc modifier nos comportements et faciliter le transfert de l’utilisation de l’automobile vers d’autres moyens : la marche, le vélo, le bus. 87% des déplacements quotidiens dans la ville se font en voiture, alors que la moyenne pour une agglomération de même importance tourne autour de 60 à 70%. Si nous faisions baisser notre chiffre de 10%, cela nous permettrait d’accueillir sans problème plusieurs milliers de nouveaux venus sans augmenter la circulation.

 Comment faire ? Il n’y a pas de solutions miracles mais une série de mesures qui, à terme, porteront leurs fruits. J’en note deux: se doter d’une politique ambitieuse de transports en commun, favoriser les déplacements actifs (marche et vélo) pour les petites distances.

 

Une politique ambitieuse pour les transports en commun.

Nous aurons l’occasion d’en reparler à l’automne, quand le nouveau concessionnaire mettra en place un  réseau de bus modernisé, plus performant que le réseau actuel. Je note simplement qu’il faut lier urbanisme et transport. Et qu’il convient  de construire prioritairement à proximité immédiate des lignes de transport en commun. C’est ce que nous nous appliquons à faire pour les programmes futurs de logements sociaux. De ce point de vue, la construction de logements le long de l’avenue de Bayonne (ex RN 10) est une opportunité à saisir. Sur cet axe, à terme, devraient passer un bus en site propre toutes les 3 minutes. Les résidents situés à proximité pourront facilement délaisser leur automobile.

 

Favoriser les déplacements actifs.

Dès qu’un projet immobilier est à l’étude, il faut se poser la question de la voirie alentour. Existe-t-il des trottoirs, permettant aux piétons de se déplacer en sécurité ? Peut-on profiter de ce projet pour aménager une voie « verte », réservée aux piétons et aux cyclistes ? Faut-il revoir le profil de la voirie ? C’est la démarche que nous utilisons pour le futur écoquartier du Maharin ou pour le projet « Hirigoyen », route de Jouanicot.

 

Lier l’urbanisation nécessaire aux contraintes de la mobilité est une démarche indispensable. Nous l’intégrons dans tous nos projets et en particulier dans notre réflexion sur la révision du PLU en cours. 

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  • : Le blog de Jean-Pierre Voisin
  • : Jean-Pierre Voisin, adjoint au maire d'Anglet de 2008 à 2014 en charge de l'urbanisme, livre ici son point de vue sur les dossiers locaux et dialogue avec les angloys. Ses propos n'engagent que lui-même.
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