Le débat organisé par Sud-Ouest ce 23 janvier l'a confirmé: le marché de l'immobilier ne répond pas aux besoins des habitants de la cote basque.
Jean-René Etchegaray, président de l'agglomération, affirme - reprenant un chiffre souvent cité dans ce blog - que l'immobilier neuf n'est accessible qu'à 20 % de la population. Question: et les autres? les 80% restant, c'est à dire la grande majorité de nos concitoyens, on les laisse tomber?
Le PLH (plan local de l'habitat) de 2010 qui donnait ce chiffre de 80% marquait un progrès par rapport aux politiques passées en dressant un état des lieux sans complaisance et en fixant des objectifs ambitieux. Pour relever le défi la ville d'Anglet avait choisi d'utiliser tous les moyens à sa disposition: politique d'acquisition foncière très active - avec un budget multiplié par quatre - mise à disposition des bailleurs sociaux des terrains communaux disponibles, mobilisation des promoteurs privés obligés de livrer 40% de logements sociaux dans toute nouvelle opération immobilière, taxation des logements vacants, révision du PLU pour faciliter la densification le long des axes de transport en commun... Inutile d'insister, j'ai longuement exposé tout ceci depuis cinq ans dans ce blog (1).
Il est urgent d'agir.
La nouvelle municipalité d'Anglet semble discrètement se rallier à cette politique qu'elle a combattue sans vergogne pendant six ans. Elle camoufle ce retournement derrière un discours rassembleur sur le thème "nous ferons des projets 100% sociaux, à taille humaine, respectueux de l'identité angloye". Ce que nous avons fait pendant six ans! Les 1100 logements sociaux financés pendant notre mandat étaient répartis sur une quarantaine d'opérations dont la taille moyenne est inférieure à 30 logements. Elle affirme aussi sont refus de la densification. Or le Président de l'agglomération l'a promis ce 23 janvier: le futur Plan local d'urbanisme intercommunal de l'ACBA favorisera la densification du bâti plutôt que l'étalement urbain. C'est cohérent avec les orientations du Schéma de Cohérence territorial sur lequel le PLU de 2013 d'Anglet s'appuyait. Là aussi M. Olive devra manger son chapeau... à moins qu'il ne choisissent clairement la ségrégation par l'argent en élaborant pour Anglet un PLU malthusien, qui, sans le dire, rejettera en périphérie les nouvelles générations. Tiendra-t-il enfin un discours de vérité?
Pour l'instant il n'avance aucun dossier précis alors que les besoins sont pressents et que la municipalité précédente avaient dans ses cartons plusieurs projets prêts à sortir. Le Président de l'agglo l'a rappelé: plus de 7000 demandes de logement social sont en attente. Il est urgent d'agir!
Un mot sur la densification le long des grands axes.
Plusieurs chantiers importants sont en cours le long de l'ex nationale 10 et du boulevard du BAB. Plus de 600 logements sont ainsi en construction. Il faut bien voir que ces logements sont nécessaires pour répondre aux besoins des personnes qui travaillent sur Anglet (2) et l'agglomération.
Ces ensembles immobiliers sont-ils bien placés? la densification le long des axes bien desservis par les transports en commun permet aux futurs habitants de délaisser leur voiture, donc d'éviter d'engorger encore plus une voirie angloye qui n'a pas totalement oublié ses origines rurales.
Sont-ils trop importants? En regroupant de nombreux logements on favorise les commerces de proximité, on utilise au mieux les équipements publics - écoles, service postal, transports en commun- on protège aussi les zones pavillonnaires: Si on ne les avaient pas localisés là où ils sont, il auraient fallu disperser ailleurs sur le territoire angloy ces 600 logements. Avec de petites opérations de 20 logements chacunes, 30 résidences auraient poussé dans les quartiers pavillonnaires angloys, pas toujours bien desservis par les bus, augmentant la circulation et condamnant des jardins et ilots de verdure. Si on refuse de densifier le long des axes majeurs, si on veut préserver des respirations vertes en ville, si on prétend conserver le caractère pavillonnaire des quartiers, si on veut tout cela à la fois, cela veut dire qu'on refuse de nouveaux habitants. Pire, puisque les résidents actuels vieillissent, la ville se dépeuplera lentement comme aujourd'hui Biarritz. Leur biens, trop chers pour les classes moyennes, deviendront au fil des successions des résidences secondaires... Et les actifs iront se loger ailleurs, en première ou deuxième couronne, encombrant nos routes, puisqu'ils n'auront pas d'autres solutions que de prendre leur voiture pour venir travailler dans l'agglomération. Nos écoles se dépeupleront de nouveau, le service postal se dégradera, et les impots locaux payés par chacun augmenteront puisque le nombre de contribuables diminuera. Est-ce cela le projet de M. Olive pour Anglet ?
Photo: une opération sociale "à taille humaine", rue du Colombier (à coté de l'église Sainte-Marie, quartier de la Chambre d'Amour) réalisée par le COL.
(1) voir dans ce blog les tags "logement social" et "urbanisme, PLU".
(2) 17 000 personnes travaillent chaque jour sur Anglet.