J'ai déjà parlé des "grandes manoeuvres" à propos des très nombreux projets commerciaux sur le bassin de vie bayonnais. Chaque enseigne joue sa carte, chaque
commune ou communauté de commune porte son projet. Petite revue des dossiers en cours.
Des chiffres qui inquiètent.
Il y a tout d'abord les projets déjà actés car ayant obtenu le sésame
de la CDAC (commission départementale d'aménagement commercial). Ce sont:
- Le projet d'Inter IKEA à Ametzondo, avec une grande surface alimentaire et une galerie commerciale de 100 boutiques: 57 000 m2.(Tous les chiffres de cette article
concernent les "surfaces de vente" et non les surfaces commerciales; les surfaces de ventes sont attribuées en CDAC, et n'incluent pas les locaux annexes, les services et les restaurants).
- La première tranche des Allées shopping à Ondres avec Auchan, des moyennes surfaces et une galerie marchande: 54 000 m2.
- Marinadour, en tête du pont Grenet à Bayonne: 4 200 m2
- Coeur de ville à Anglet: 3500 m2.
- Leclerc à Ustaritz: 5 100 m2.
Soit au total 123 800 m2.
A cela on pourrait ajouter les 33 000 m2 qui viennent d'obtenir le feu vert de la CDAC des Landes à Saint Géours, ce qui n'est pas si loin de notre bassin de
vie.
Il y a aussi les dossiers qui sont prêts et sur lesquels le SCOT (schéma de cohérence territorial), qui regroupe
les élus des 48 communes du bassin de vie autour du BAB, va devoir rapidement délibérer:
- La deuxième tranche des Allées shopping pour 24 000 m2.
- Le village d'Iraty, à Biarritz, de 10 000 m2.
- Oxylane, porté par Décathlon, à Saint-Pierre d'Irube: 14 000 m2.
- L'extension de BAB2 pour 8 000 m2.
Soit un total supplémentaire de 56 000 m2.
Il y a enfin des projets qui seraient à l'étude, sur lesquels on n'a pas d'information très précise:
- Aguilera à Biarritz: 15 000 m2.
- L'extension de Carrefour Tarnos pour 10 à 15 000 m2.
- La zone commerciale Petit Mont à Boucau, en limite de Tarnos: 20 à 30 000 m2
- Et sans doute d'autres projets dont nous n'avons pas connaissance.
Tout cela représenterait environ 230 000 m2 de surface de vente. sachant que celle-ci n'inclut pas les services et les restaurants!
Pas de moratoire pour le SCOT.
Rappelons que le SCOT (schéma de cohérence territorial) regroupe 48 communes du bassin de vie bayonnais, de Ondres à Bidart, de Boucau à Hasparren, de Bidache à
Itxassou.
Le conseil syndical du SCOT doit se prononcer sur les projets commerciaux de plus de 1000 m2. Il peut, par un avis négatif, bloquer un programme.
On sait qu'il va devoir se prononcer dans les mois qui viennent sur plusieurs projets d'envergure. Que va-t-il décider? laisser faire ou mettre un terme à la folie
spéculative qui submerge son territoire?
J'étais personnellement favorable à un moratoire de quelques mois, suspendant toute décision en
matière d'urbanisme commercial, le temps pour le SCOT de se doter d'un DAC (document d'urbanisme commercial) outil en cours d'élaboration qui traduira une vision globale du développement
commercial sur notre bassin de vie. Car pour donner un avis pertinent sur tel ou tel projet il faut situer celui-ci par rapport à l'existant et par rapport à ce qui est souhaitable pour
l'ensemble du territoire du SCOT.
Le président du SCOT, qui avait repris cette idée et avait inscrit cette question au conseil syndical de ce 24
octobre a, au dernier moment, retiré celle-ci de l'ordre du jour, en argumentant sur le caractère illégal d'une telle délibération. Je suis intervenu en séance pour dire mes
regrets par rapport à cette décision: Le conseil pouvait très bien émettre un voeu demandant aux intercommunalités porteuses d'un projet d'attendre quelques mois, celles qui auraient passé outre
en présentant leur centre commercial s'exposant à un vote négatif.
Le conseil syndical du SCOT sera saisi dans les semaines qui viennent de plusieurs projets et il tranchera sans avoir conduit le débat au fond. Dommage. On sait
bien pourquoi un moratoire a été rejeté: plusieurs communes refusent de voir retardés leurs projets d'immobilier commercial. Ce 24 octobre le conseil
s'est donc prononcé sur le dossier de Ondres, dans les semaines qui viennent il tranchera sur le projet D'Iraty à Biarritz, en attendant de le faire pour Oxylane sur Saint Pierre d'Irube.
On va assister à une surenchère entre territoire, chacun défendant légitimement le projet qui lui parait bon pour ses concitoyens.
Ondres: un oui et un non.
Pour les Allées shopping à Ondres c'est le verre à moitié vide ou à moitié plein. Le conseil était saisi de deux délibérations: la première pour autoriser une modification de la répartition des m2 entre moyennes surfaces et boutiques dans la tranche de 54 000 m2 déjà autorisée: le SCOT
qui avait autorisé en octobre 2011 cette première tranche(1), a accepté une évolution qui n'autorise aucune surface de vente nouvelle(2). Par
contre l'assemblée à rejeté la demande d'une deuxième tranche de 25 000 m2 de surface de vente supplémentaire, considérant que les 54 000 m2 déjà accordés étaient suffisants pour la zone
de chalandise. Ondres peut donc poursuivre la commercialisation de la première tranche pour laquelle un permis de construire serait en cours d'instruction, mais doit renoncer à la
deuxième.
(1) voir article précédent dans ce blog: "commerces, le SCOT délibère". Les élus d'Anglet s'étaient abstenus, le projet étant à leurs yeux trop largement
dimensionné eu égard à sa zone de chalandise.
(2) la part des moyennes surfaces est réduite de 33 625 m2 à 28 410 m2, celle des boutiques augmenterait d'autant passant de 8285 m2 à 13500 soit de 75 à 125
boutiques.
Rappelons qu'à Ametzondo, IKEA annonce 80 boutiques mais avec une surface dédiée à celles-ci de 15 000 m2! Les 12 000 m2 de BAB2 regroupent 84 enseignes: en
faisant une simple règle de trois on obtiendrait 95 boutiques à Ondres, 105 à Ametzondo.
Photos: IKEA vu d'avion et Allées shopping à Ondres.