/image%2F0568061%2F201305%2Fob_90966a07792bd52a742daea83fa391f9_villa-bidart-1-0001.jpg)
Faut-il écrire une charte de bonne conduite architecturale pour ne pas "diluer l'authenticité du pays basque", comme le propose Odile de Coral, maire d'Urrugne? La question est intéressante et mérite discussion. Dans un article paru dans ce blog le 10 septembre 2011 et intitulé "Quelle architecture pour Anglet" j'ai posé quelques éléments du débat.
Je ne reviendrai pas sur ce que j'écrivais alors. Je me contenterai d'ajouter quelques remarques. Il me semble tout d'abord que la problématique ne se pose pas dans les mêmes termes dans les villages du pays basque et sur le littoral. Autant les premiers affirment une identité architecturale originale et relativement homogène, autant le littoral largement ouvert à des influences extérieures affiche un éclectisme difficile à encadrer. Autrement dit, rédiger une charte qui propose quelques conseils pour aider l'architecture contemporaine à s'inscrire dans une tradition locale est peut-être possible pour des villages comme Ascain ou Espelette. Cela me parait impossible sur l'agglomération littorale. Quand on regarde les bâtiments que nous avons repérés dans l'inventaire du patrimoine angloy annexé au PLU, on constate une diversité de styles, de matériaux et de couleurs qu'il semble impossible de mettre en fiche.
Par exemple: La villa Primkipo, de style "mauresque", côtoie à Chiberta la villa Arguia, magnifique exemple de l'art déco (photo ci-dessous). Auraient-elles vu le jour si une charte avait encadré la créativité des architectes dans l'entre-deux guerres? En quoi, la villa Bidart au carrefour d'Anglet Saint Jean (photo en tête d'article), ou la villa néo-gothique Sofia, avenue de Biarritz sont-elles basques? Nul pourtant ne les remet en cause.
Faut-il renoncer cependant à conseiller les constructeurs pour qu'ils produisent une belle architecture ? Tout bâtiment s'inscrit dans un environnement; comment contribue-t-il à la qualité du paysage urbain? C'est pour répondre à cette question que la municipalité d'Anglet a demandé au cabinet OBRAS qui l'a accompagnée dans l'élaboration du PLU et qui fait aujourd'hui fonction d'architecte-conseil, de rédiger un fascicule complémentaire du PLU pour aider architectes et particuliers dans l'approche sensible du paysage. Comment prendre en compte dans un projet, la topographie des lieux, l'orientation, la végétation et les constructions environnantes? Comment traiter la place de la voiture, les accès et les stationnements?... Faut-il aller plus loin et interdire - par exemple - les toitures terrasses, ou certains matériaux ? Faut-il imposer des couleurs? Cela me parait incompatible avec la diversité présente de l'architecture de l'agglomération littorale.
Certes, il y a des modes qui m'exaspèrent un peu. je n'ai rien contre les toitures terrasses, mais ne plus faire que ça est excessif. Le bois est un beau matériau... s'il est bien utilisé et bien choisi : Mais on voit aujourd'hui des réalisations intéressantes gâchées par des revêtements en bois de mauvaise qualité qui noircissent rapidement. Je ne crois pas qu'un règlement permettrait de traiter ces erreurs. L'éducation du public à une belle architecture, le dialogue avec les professionnels me paraissent plus pertinents. En ce domaine comme dans beaucoup d'autre la pédagogie vaut mieux que le règlement. En architecture comme en politique je choisis la confiance appuyée sur le débat plutôt que la défiance. De ce point de vue, je voudrais souligner l'intérêt du cycle de conférences Médiarchi animé par Caroline Mazel à la médiathèque d'Anglet. La prochaine, le 15 mai à 18h traitera de "l'art déco, art du juste milieu". L'art déco? on est au coeur du débat!
JC Carrère 16/05/2013 12:44
JP Voisin 03/06/2013 22:46