La polémique est lancée! Dans le Sud-Ouest du 9 novembre, l'opposition municipale fait feu de tous bois.
Elle nous reproche, de lancer le débat sur le PLU en période électorale, de faire un semblant de concertation, de ne pas avoir de vision pour l'avenir et de faire appel à un urbaniste "parisien", d'accuser tous nos prédécesseurs d'avoir abîmé Anglet, et -cerise sur le gateau- de vouloir densifier la ville en construisant en hauteur ...
Avant de répondre à ces différentes accusations je voudrais d'abord affirmer une conviction: il est sain qu'il y ait débat autour de notre projet de ville et du futur PLU. Le sujet est trop important pour être réservé au seul cénacle des initiés, et il est bon que l'opinion s'en saisisse. Qu'une page entière de Sud-Ouest y soit consacrée ne peut que me réjouir.
Ouvrons le débat, projet contre projet, vision de l'avenir d'Anglet contre vision, puisque l'opposition affirme en avoir une, ce dont je ne doute pas.
Mais avant d'aborder le fond, répondons aux questions relatives à la forme, c'est à dire l'organisation même de la concertation.
Fallait-il organiser le débat maintenant?
Je remarque tout d'abord que jamais auparavant n'avait été rédigé un projet de ville, soumis au débat préalablement à la rédaction du PLU. Nos contradicteurs sont mal venus de nous accuser de mal faire, eux qui n'avaient pas fait du tout. Certes, le précédant PLU de 2004 avait fait l'objet d'une enquête publique réglementaire, nous nous y étions d'ailleurs largement exprimé; mais ce débat que nous lançons aujourd'hui est, quoiqu'ils en disent, une première.
On nous accuse ensuite d'organiser une concertation en période pré-électorale. Nous ferions de la propagande au bénéfice du candidat de la majorité municipale aux prochaines cantonales!
Mais qui, à Anglet, en dehors de MM. Olive et Mortalena, se soucie aujourd'hui des cantonales de mars prochain? Puis-je aussi faire remarquer que si nous sommes aujourd'hui à 5 mois des cantonales, nous aurions été l'an passé à la même époque à cinq mois des régionales (ou la majorité présentait aussi une candidate) et que dans un an nous serons à six mois des présidentielles et des législatives. Faudrait-il attendre 2013 pour interroger les angloys sur ce qui les concernent?
Et puis plus sérieusement: Qui peut penser que le thème du PLU soit un thème électoralement porteur? C'est plutôt l'inverse: les élus en général abordent ces questions après, et non avant, les échéances électorales car ce sont des sujets très sensibles et généralement impopulaires. L'opposition ne se prive d'ailleurs pas d'agiter des peurs, sur la densité par exemple, comme nous l'avions prévu. A vrai dire on devrait nous féliciter d'avoir le courage d'engager un tel débat maintenant.
Alors pourquoi maintenant, alors que nous sommes aux affaires depuis deux ans et demi? Tout simplement parce qu'il nous a fallu du temps pour choisir le cabinet OBRAS, après un appel d'offre infructueux, et que celui-ci nous a rendu son travail au début de l'été, après un an de travail. Cela prend du temps? Oui, cela prend du temps. Plus que nous l'aurions souhaité; c'est le prix d'une vraie réflexion.
Vision, vous avez dit vision?
OBRAS est un cabinet installé à Paris. Le choix pour nous assister de ce cabinet "parisien" serait la preuve de notre manque de vision pour Anglet! C'est du moins ce qu'affirme M. Olive dans Sud-ouest : "Ce qui est inédit c'est qu'on va chercher un cabinet parisien pour définir le projet de ville. C'est dire à quel point l'équipe en place n'a pas de vision pour Anglet".
Que répondre? j'avoue qu'à ce niveau abyssal du débat je suis à court d'argument. S'agit-il pour M. Olive de se référer à sa propre expérience ? N'appartenait-il pas à une équipe qui a fait appel à un urbaniste bordelais- au demeurant excellent et avec lequel nous continuons à travailler- pour la nationale 10. Ne sont-ce pas M. Mortalena et lui qui ont été chercher M. Riciotti, architecte marseillais, pour la salle culturelle de Bovero?
Notre équipe a, je m'excuse par avance de cette immodestie, une vision de l'avenir d'Anglet. Je suis prêt à en débattre avec M. Olive: vision contre vision, projet contre projet. Je suis impatient de connaitre le début du commencement de sa vision d'Anglet. Car pour l'heure, s'il est prolixe dans la critique, il l'est moins dans la proposition.
Un modèle à bout de souffle.
Une autre remarque de l'élu de l'opposition quoique infondée, me parait plus fine et mérite qu'on s'y attarde un peu.
"Une fois de plus on fait le procès de tout ce qui a été fait depuis quarante ans, on nous explique que tout est bon à jeter" déclare-t-il. Selon lui, nous nous livrerions donc à une critique systématique et partisane du travail de nos prédécesseurs. Quel avenir pour l'avenue de Bayonne?
Que disons-nous? Que le modèle d'urbanisation qui a prévalu à Anglet est à bout de souffle.
Ce qui est en cause ici ce n'est pas Anglet mais un modèle qui s'est imposé sur le territoire national depuis les années cinquante. Ce que nous contestons c'est la consommation sans mesure de l'espace, au gré des opportunités, comme s'il était infini. En dix ans, en France, nous avons sacrifié pour l'urbanisation, une surface équivalente à un département, surface perdue pour l'agriculture et la nature. Sur le périmètre du SCOT (en gros le bassin de vie de l'agglomération bayonnaise), chaque année, 125 hectares de terres agricoles sont urbanisées. Ce modèle, qui étale la ville au détriment de la nature et de l'agriculture, couteux pour les finances publiques car on doit multiplier les équipements- voiries, réseaux d'assainissement, adduction d'eau- , ce modèle qui éloigne les salariés de leur lieu de travail, les condamnant à des déplacements quotidiens longs et dispendieux, ce modèle là a vécu. A Anglet comme ailleurs. A Anglet peut-être plus qu'ailleurs car il y avait de la place à coté des deux villes dominantes de l'époque, Biarritz et Bayonne. Il y avait des terrains: on les a utilisés. Il est évident pour tout le monde qu'on ne peut continuer ainsi. Ce qui est en cause ce ne sont pas les Maires successifs, mais une logique consumériste dont on mesure aujourd'hui, en urbanisme comme en bien d'autres domaines, les effets pervers. "Halte à une France moche" titrait il y a peu l'hebdomadaire TELERAMA. Nous aussi, nous disons "halte"! Halte à une urbanisation qui minéralise les sols, canalise nos ruisseaux, génère des inondations de plus en plus fréquentes. Ce constat de la dégradation de nos paysages urbains et naturels ne date pas d'hier. D'autres l'ont fait avant nous, ailleurs. Et même à Anglet ! Le PLU de 2004 le faisait déjà... mais n'en tirait pas les conséquences nécessaires, le règlement contredisant le diagnostic pertinent du PADD. Nous l'avions écrit à l'époque. Nous le répétons aujourd'hui.
Il est vrai que les conséquences de ce constat sont difficiles à expliquer à nos concitoyens. Et il faut parler ici de densité. Le PADD du PLU de 2004 osait employer le mot... mais se gardait bien de le traduire dans le réglement. Par manque de courage?
La densité, pour faire quoi?
Erdian: une densité de 110logements à l'hectare
Nous affirmons qu'il faut densifier certains quartiers si on veut conserver de la nature au coeur de la ville. Nous affirmons que dans ces conditions il peut être opportun dans certains secteurs d'autoriser des immeubles plus hauts que ne le permet le règlement d'aujourd'hui pour éviter de "tartiner" les terrains et de supprimer les espaces verts (voir dans ce blog mon article "PLU : emprises au sol et hauteurs"). Il n'est pas question naturellement d'autoriser des immeubles de huit étages sur le littoral -mais d'où sort-il cette idée incongrue- comme l'a laissé entendre M. Mortalena dans une réunion publique.
Densifier certains secteurs n'a pas pour objet une "augmentation excessive de la population" pour reprendre une citation de la même personne, lue dans Sud-ouest. Nos prévisions de construction pour les cinq années à venir sont claires: ce sont celle du Plan Local de l'Habitat (PLH) que nous avons voté il y a peu à la CABAB: Nous y fixons un objectif: autoriser la construction de 350 logements par an sur Anglet.
Excessif ?
Je citerai simplement deux chiffres: Entre 2000 et 2007, donc pendant le mandat de Maire de M. Villenave, on a autorisé la construction de 3722 logements soit 465 logements par an en moyenne. Sur la seule année 2007 on a autorisé la construction de 934 logements ! Nous sommes on le voit beaucoup plus modestes que nos prédécesseurs, aujourd'hui donneurs de leçon. Ce que nous voulons c'est construire ces nouveaux logements en économisant l'espace, pour préserver la nature, pour qu'Anglet reste une ville-jardin. Les mêmes qui prennent aujourd'hui des mines désespérées quand ils évoquent la densité ont autorisé la construction de 490 logements à Erdian sur 4,5 hectares, soit une densité d'environ 110 logements à l'hectare. Nous, sur l'écoquartier du Maharin , nous prévoyons 300 logements environ sur 8,5 hectares soit 35 logements à l'hectare... On le voit le débat sur la densité n'est pas simple : quelle densité, quelles formes urbaines, pour quels logements? Nous affirmons qu'on ne peut traiter tous les quartiers d'Anglet de la même manière: densifier ici, en particulier le long des lignes de bus, limiter les constructions là pour préserver ou restaurer une trame verte et bleue, prendre en compte l'histoire et la géographie, en un mot être respectueux du territoire existant et attentif à un développement solidaire de notre ville. Voilà ce que nous mettons derrière le mot "densité". Concrêtement : Doit-on refuser à priori et définitivement de construire le long de l'ex nationale 10 des immeubles de 8 étages, si ceux-ci sont de qualité et permettent une vraie mixité sociale? Voilà une question concrête que nous devrons trancher lors de la révision du PLU. Qu'en pense l'opposition?