"Abandonner le drapeau rouge et servez la France!". Voilà la dernière provocation du candidat Sarkozy. Mais Sarkozy n'est pas Lamartine plaidant pour imposer le drapeau tricolore aux révolutionnaires de 1848.
Il s'agissait alors de rassembler tous les républicains pour imposer la deuxième république. Aujourd'hui la démarche est inverse: il faut diviser pour garder le pouvoir.
Car Sarkozy choisit l'affrontement avec les syndicats. Avec sa "vraie fête" du travail il les provoque délibérément . Il ne s'agit pas de rassembler mais de "cliver" , comme on dit aujourd'hui, synonyme aimable de "diviser". Car pour gagner le candidat-président pense qu'il doit opposer la France de droite -supposée majoritaire- à la France de gauche. Et dans la droite il agrège sans complexe la droite extrême de Le Pen à la droite modérée. Les électeurs de Bayrou se laisseront-ils berner? Il ne gagnera sans doute pas ce pari, mais le mal est fait. Car, quoiqu'il arrive désormais, le Front National, dont les thèmes xénophobes et racistes ont été validés, est rentré dans le jeu. Déjà le ministre de la défense, Gérard Longuet, courtise Marine qui jubile et appelle sans attendre au vote bleu marine pour les législatives. Demain, des alliances de circonstances s'opposeront aux candidats de gauche. La recomposition de la droite est engagée, et ce n'est une bonne nouvelle ni pour la démocratie ni pour la France.
Les syndicats ont donc défilé, comme ils en ont l'habitude. Il y avait beaucoup de monde dans les cortèges. Les syndicalistes bien sûr, et derrière eux, volontairement en retrait, les militants des partis de gauche. Oui, le peuple de gauche était rassemblé. Pour la défense des salariés, pour demander une autre politique, plus juste, plus respectueuse de chacun.
Deux camps?
François Hollande a choisi de se placer au dessus de la mélée. Il ne se range derrière aucune bannière. Il va donc se recueillir sur la tombe d'un ancien ouvrier, devenu premier ministre socialiste, Pierre Bérégovoy. Pour reconnaitre sa filiation et lancer un message clair: il sera l'homme qui rassemble. Il ne demande à personne de renoncer à ses convictions et à ses couleurs: drapeau rouge où drapeau tricolore? Pourquoi exclure? Les deux ensemble. La tradition ouvrière et la tradition républicaine réunies autour des valeurs humanistes.
Le message de ce premier Mai me parait limpide: Dimanche, il faudra choisir: Entre deux hommes, entre deux styles certes, mais surtout entre l'affrontement où le rassemblement.