A quoi ressemblait la plaine du Maharin dans les années 1960, c'est à dire il ya un demi-siècle? Etait-ce un espace "naturel", c'est à dire sauvage? Ou au contraire une zone agricole, donc soigneusement aménagée?
La photo ci-dessous, aimablement communiquée aux services de la mairie par une riveraine du futur écoquartier du Maharin, apporte la réponse. On découvre un espace libre, cultivé, dans lequel les parcelles sont séparées par des fossés. On mesure en outre le relief du lieu. L'avenue des Pyrénées, qui passe au pied des immeubles HLM toujours présents, longe le flanc du coteau, bien au-dessus du fond du vallon. Le dénivelé, de l'ordre de 8 à 10m n'apparait plus aujourd'hui sur le site, fermé par les bois et les taillis.
Pour bien comprendre comment "fonctionne" le vallon, on peut se reporter au cadastre de 1831 (voir ci-dessous), donc beaucoup plus ancien. On découvre que le ruisseau du Maharin n'est qu'une partie d'un système hydraulique plus complexe.
Pour comprendre le plan, donnons nous quelques repères: la route de Montbrun en rouge, en haut de la carte occupe la place de l'avenue des Pyrénées actuelle. La route de Millet, notée chemin "de Montbrun [à Francese]"- le reste du nom n'est pas lisible sur cette photo partielle du cadastre- dessert verticalement le lieu-dit "Porte" (à gauche sur le document) ou il rejoint l'actuelle route de Bahinos et serpente vers le sud jusqu'au lieu-dit "Mary". On voit que deux branches du Maharin se rejoignent avant de franchir le chemin, puis de le longer (ce tronçon a été malheureusement busé en 2005 pour réaliser la résidence Argi Zabal), avant de serpenter dans la plaine. Ce qui est remarquable c'est le parcours du ruisseau, en angles droits, qui montre qu'à cette époque son tracé avait déjà été largement modifié par l'homme. De nombreux fossés qui récupèrent les eaux de surface et les sources, drainent la plaine avant de rejoindre le Maharin. Nombre de ces fossés existent encore aujourd'hui, mais non entretenus ils ne remplissent plus leur rôle et en maintes endroits les terrains sont redevenus ce qu'ils devaient être à l'origine, des zones marécageuses, très difficile d'accès.
La volonté des urbanistes de l'écoquartier est de restaurer le réseau de fossés drainants . Le tracé sinueux du Maharin avec des angles droits nous donnent une indication précise sur le débit du ruisseau lui-même. Il est vraisemblable qu'il n'était pas soumis aux crues brutales d'aujourd'hui qui auraient détruit ce cheminement en lignes brisées. C'est bien l'urbanisation du bassin versant en amont de cette plaine, et par conséquent l'imperméabilisation des sols qui est à l'origine des variations brutales de débit que nous constatons aujourd'hui. On s'en doutait, la carte du XIXème siècle le confirme. On ne pourra donc pas rétablir ce tracé, au demeurant totalement artificiel, qui ne résisterait pas à la première crue décennale. On le remplacera par un parcours en méandres destiné à ralentir la vitesse de l'eau.
La plaine du Maharin qui va accueillir l'écoquartier est depuis très longtemps une plaine aménagée par l'homme. En y créant un espace vert de 8 hectares environ, où seront astucieusement dispersés les futurs batiments, nous lui donnons une affectation nouvelle, respectueuse de l'écosystème, utile aux habitants de la ville d'aujourd'hui, comme les champs cultivés étaient utiles à nos ancêtres.
Je remercie la riveraine qui a aimablement prêté la belle photo qui illustre l'article. Pour respecter l'anonymat des personnes, le groupe a été coupé.