Anthony Bleuze, adjoint au maire UMP, un jeune homme avec qui j'ai toujours eu des relations courtoises, m'attaque vivement dans le "Brouillarta" de Sud-Ouest du 6 décembre. En gros il formule à mon encontre deux reproches.
Discours idéologique?
Premier reproche: Je tiendrais "un discours idéologique sur la politique urbanistique de la ville sévèrement sanctionnée par les électeurs voici quelques mois" . Je n'aurais "pas entendu le message pourtant clair délivré par les angloys".
Mon discours est-il idéologique, autrement dit traduit-il une vision du monde et de la ville? vision au demeurant que je partage avec beaucoup, et pas des moindres, puisque Frédéric Bonnet, du cabinet OBRAS qui a élaboré avec nous le nouveau PLU, reçoit, ce lundi 15 décembre à Paris, le Grand Prix de l'Urbanisme 2014, la plus haute récompense dans cette discipline. Oui sans doute, mon discours est idéologique. Vouloir densifier les constructions le long des axes de transport, c'est certainement de l'idéologie, puisque derrière il y a une certaine conception de la ville et de l'aménagement du territoire. Mais refuser cette densification c'est aussi de l'idéologie car il y a derrière une autre conception de la ville (du moins je l'espère!).
Je n'aurais pas entendu le message pourtant clair délivré par les angloys? Bien sûr que si, je l'ai entendu ce message. Nos compatriotes sont si bien à Anglet qu'ils ne voudraient pas que ça change. Je les entends, je les comprends même car c'est vrai qu'on est bien à Anglet, mais je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas parce que mes idées sont minoritaires que je dois y renoncer. Je pense que l'immobilisme est impossible dans un monde qui bouge, et que, plutôt que de subir, il faut essayer de progresser vers plus de justice. C'est peut-être naïf, mais c'est ma conviction, et je m'y tiens. Je la défends parce que je pense ainsi défendre, modestement, à ma petite place, l'intérêt général.
Tartuferie et langue de bois
Deuxième reproche: Selon Sud-Ouest, Anthony Bleuze s'étonne que je conteste le qualificatif de gaulliste social que se décerne le maire actuel. "Gaulliste?nul ne peut faire parler la statue du commandeur mais je doute que de Gaulle aurait accepté ce parrainage; mais social? là je suis sûr que non" écrivais-je récemment sur ce blog (voir l'article "Claude Olive: un conservatisme habillé de gaullisme). Je confirme. N'étant pas gaulliste moi-même je ne suis pas bien placé pour délivrer des certificats de gaullisme, donc je m'abstiens de juger; mais sur le qualificatif "social", je crois avoir démontré au fil de mes articles que les déclarations du maire et ses premières décisions contredisent la politique sociale que nous avions engagée; c'est vrai pour la culture, c'est vrai pour le logement tout particulièrement. Anthony Bleuze, au lieu de démontrer que la municipalité conduit une politique sociale, commente: "Il est vrai que les responsables socialistes pratiquent tellement la tartuferie et la langue de bois qu'ils ne croient plus depuis longtemps à la sincérité des opinions". Cette accusation me touche puisqu'elle remet en cause la sincérité de mon propre engagement et ceux de tous mes amis, globalement. Je fais d'abord gentiment remarquer à Anthony Bleuze que je ne suis pas un "responsable" socialiste au sens où il l'entend. Je ne suis qu'un militant - je n'ai jamais eu de responsabilité au PS - et cela depuis 1974. Il est vrai que beaucoup de politiques pratiquent la langue de bois et le double langage. J'ai même considéré dans un article du mois d'avril que l’ambiguïté de Hollande, la contradiction manifeste entre ses propos de campagne et sa politique présente expliquait pour une large part le désamour de l'opinion dont nous avons été victimes aux municipales. "Quand il y a un flou, il y a un loup" s'exclamait Martine Aubry lors des primaires. C'est bien ma conviction. Mais Hollande ne fait que reprendre une vieille tradition française et Sarkozy et Chirac pour reprendre ses derniers prédécesseurs avaient fait de même: peindre en rose l'avenir avant d'affirmer une fois au pouvoir que , non, décidément, la situation laissée par l'ancien président est bien trop dégradée et qu'il faut faire des sacrifices. Jacques Delors avait refusé de se porter candidat en 1995 car il refusait de jouer ce jeu là. A Anglet, Jean Espilondo et son équipe n'ont pas maquillé leur politique pour la faire accepter par les angloys: Nous l'avons expliquée, défendue, maladroitement sans doute, nous n'avons pas triché. Je continue aujourd'hui, modestement, ce combat sur mon blog. Heureusement ils sont encore nombreux les militants, les élus, de droite comme de gauche, qui portent fièrement leurs convictions. C'est au nom de celles-ci qu'ils s'engagent dans le combat politique. Un combat difficile, ou on prend beaucoup de coups. Et contrairement à ce qu'affirme Anthony Bleuze je crois à la sincérité de beaucoup.
J'ai tort d'affirmer que Claude Olive n'est pas social? Qu'il le démontre par sa politique! Et qu'Anthony relève le défi d'un débat sur le fond, au lieu de le rabaisser par des accusations médiocres.