"Personne n'aime être bousculé", voilà le credo de M. Olive, maire d'Anglet, qui conclut l'article que vient de lui consacrer Sud-Ouest dans son édition nationale du 28 juillet dernier. "Il est tellement attaché à sa ville qu'il refuse de la voir changer", affirme le journaliste, qui ajoute "il a mis un terme à plusieurs projets de son prédécesseur, notamment un écoquartier dans une zone naturelle" et claude Olive de renchérir "Anglet doit rester Anglet".
Les choses sont dites, très simplement: M. Olive est un conservateur. On pourrait même affirmer sans forcer le trait, qu'il s'affirme réactionnaire, puisqu'est réactionnaire celui qui veut revenir en arrière, et que Claude Olive revient sur des projets de la précédente municipalité.Après l'action - selon Jean Espilondo - voilà la réaction de Claude Olive.
Sur le plan de l'urbanisme il abandonne le projet d'écoquartier, qui voulait promouvoir une autre façon d'habiter la ville. Il laisse la politique culturelle aux revenants, M. Barate qui fut l'adjoint à la culture de MM. Mendiboure et Bonnet au siècle dernier, et madame Bénavidès, rappelée en urgence de sa paisible retraite. (Moi qui fut élu en 1983 j'ai l'impression de faire un bond de trente ans en arrière). On voit clairement ce qu'il veut : retrouver l'Anglet - fantasmé - de son enfance. Retour impossible. J'ai bien connu cet Anglet pour m'y être installé, tout jeune professeur, en 1970; Claude Olive avait 9 ans. C'est à cette époque qu'on a construit les immeubles de 6 à 8 étages autour de la nationale 10 et dans le quartier d'Hardoy. C'est aussi la période qui a vu se multiplier les lotissements, sans plan d'ensemble, sans projet d'urbanisme fort structurant l'espace. Nous payons aujourd'hui la facture de cette absence de vision des édiles de l'époque. Faut-il aujourd'hui reproduire les même erreurs en refusant de regarder demain? "Ne pas bousculer", affirmer que "Anglet doit rester Anglet" c'est suivre la pente du laisser-faire, de la loi du marché. L'Anglet d'autrefois, des maraichers et des agriculteurs a disparu.On ne peut pas effacer les quarante dernières années qui ont transformé la ville, il faut faire avec, maitriser le foncier, réparer les erreurs qui privilégiaient l'étalement urbain au détriment de la nature, au bénéfice exclusif de la voiture. Frédéric Bonnet, grand prix de l'urbanisme 2014, qui avait travaillé le PLU avec l'équipe de Jean Espilondo, l'avait clairement vu. Il s'agissait simplement de promouvoir vraiment un "développement mesuré et un urbanisme maitrisé"! Nous affirmions une volonté de changer de règle pour préserver la nature en ville, économiser le foncier, protéger les quartiers pavillonnaires, tout en accueillant les jeunes générations. En renonçant à ce projet, en assurant vouloir revenir au passé, la municipalité va abandonner la ville à la spéculation foncière: Seuls les plus riches y auront accès, et la sociologie d'Anglet, jusque là équilibrée, basculera. Naturellement ceux qui sont sur place seront gagnants, mais dans un premier temps seulement : leurs biens se valoriseront puisqu'on construira peu. Mais leur environnement se dégradera progressivement car la ville grignotera, lentement mais surement,les jardins et les rares espaces encore disponibles. Leurs enfants ne pourront s'installer sur place et devront se replier en première ou deuxième couronne pour grossir les flots d'automobilistes qui chaque jour gagnent une agglomération de plus en plus saturée.
L'Anglet d’autrefois aura disparu... et les angloys d'autrefois!
Car Anglet, comme Biarritz (1) aujourd'hui, perdra d'abord ses enfants (2) , puis sa population active pour devenir une ville de retraités aisés et de résidences secondaires. Voilà l'avenir que nous annonce la politique "conservatrice" de M. Olive, politique qui ne conservera rien du génie angloy, fait de mesure et de diversité sociale. Il est évident que je ne peux souscrire à cette politique sans vision et sans ambition, qui sacrifie les nouvelles générations au bénéfice des plus aisés.
Changer Anglet pour qu'Anglet reste elle-même, tel était notre pari. Figer la ville sur son passé, tel est celui de Claude Olive. Pari intenable, mais qui plait à beaucoup. La nostalgie a encore de beaux jours...
(1) Le Sud-Ouest du 29 juillet 2014 rappelle opportunément que la "gentrification" de Biarritz se traduit par une perte de près de 5000 résidents permanents en six ans chutant de 30739 à 25994 habitants.
(2) Nous avions inversé cette tendance, elle s'imposera de nouveau d'ici trois ou quatre ans, quand nos projets de logements à prix abordable que nous avons lancés auront tous été réalisés. Rappelons qu'en dix ans, et jusqu'en 2011, Anglet avait perdu plus de 500 élèves dans ses écoles primaires. Ces deux dernières années nous en avions gagnés 140 environ, grâce à la politique volontariste que nous avions engagé dès notre élection en 2008.
Photos en tête d'article et ci-dessous: Le nouveau quartier de Houndaro - un projet vivement combattu par M. Olive - accueille cet été ses premiers habitants. A terme 200 familles habiteront ce quartier calme et verdoyant d'Anglet.