Claude Olive l'a annoncé hier: le projet de l'écoquartier est abandonné. Un parc verra le jour sur le site. Quelles sont les conséquences de cet abandon?
Elles sont de trois sortes: Pour la ville, pour les entreprises, pour le quartier.
Conséquences pour le budget de la ville.
Le budget de l'écoquartier était en équilibre: les recettes équilibraient les dépenses et par conséquent le budget de la ville n'était pas sollicité. Les angloys ne payaient rien! La voirie du nouveau quartier, le parc public de 6 hectares et les travaux hydrauliques pour lutter contre les inondations étaient intégralement payés par les subventions et la vente des droits à bâtir.
Maintenant que l'écoquartier est abandonné, il faut dire adieu aux subventions ( 2,36 millions d'euros) et à la vente des droits à bâtir ( 5,5 millions d'euros). Par contre il faut payer le parc et les travaux hydrauliques, ainsi que toutes les études conduites depuis 5 ans! Coût pour la ville : de l'ordre de 3 millions d'euros. Les angloys paieront! Qui donc annonçait des économies lors de la campagne municipale?
Certes les travaux hydrauliques sont une compétence de l'agglo. C'est donc l'agglo qui doit les prendre en charge. Le prix d'un bassin de rétention "ordinaire" de 2000 m3 est de 300 000 €. L'agglo est prête à les payer. Par contre des bassins paysagers coûtent beaucoup plus chers, et l'agglo refuse d'assumer les surcoûts. Les bassins de Latxague, en amont étaient revenus à 1,5 million d'euros, pour une surface aménagée bien plus modeste qu'au Maharin.
Conséquences pour les entreprises et l'emploi.
Les travaux d'aménagement hydrauliques et paysagers sont prêts à être signés: 4 millions d'euros de travaux environ ont été attribués à des entreprises locales. M. Olive ne signera pas les marchés? les entreprises et leurs salariés apprécieront.
268 logements, soit de l'ordre de 20000 m2 de plancher, et des aménagements importants sont abandonnés. Le coût global des travaux - bâtiments, voiries et réseaux - peut être estimé à 45 millions d'euros. 45 millions d'euros perdus pour les entreprises du BTP: Combien d'emplois à la clef sont ainsi sacrifiés? Qu'en pense Eiffage qui a tout fait pour que la municipalité sortante perde les élections multipliant contre nous les polémiques et les recours parce que nous avions dû confier un marché de 1,5 millions d'euros à une entreprise de San Sébastien? Qu'en pensent les entreprises locales qui n'avaient jamais eu autant de travaux fournis par la ville que pendant les six ans écoulés, et pour qui s'annoncent les vaches maigres?
Conséquences pour le quartier Montbrun.
Monsieur Tisset, le Président de "Bien vivre autour du Maharin" a gagné. Il n'aura pas de petits immeubles de un à trois étages, en face de chez lui. Son terrain qui est enclavé dans l'emprise de feu l'écoquartier sera entouré d'un parc que les angloys lui paieront.
Le parc du Maharin sera sans doute utile. A proximité immédiate du Pignada, il offrira des cheminements piétonniers agréables, même si la résidence Argi Zabal, construite il y a dix ans sur le lit du ruisseau (par ceux-là même qui renoncent à l'écoquartier) interdit de longer le Maharin jusqu'à Latxague. Mais il ne sera guère différent des six hectares d'espaces naturels publics que nous prévoyions pour l'écoquartier.
Le quartier de Montbrun poursuivra sa lente mue de quartier populaire en quartier résidentiel. Le prix des maisons construites il y a trente ou cinquante ans par des ouvriers, des employés, de petits fonctionnaires - le terrain ne coûtait pas cher! - a flambé et le quartier est aujourd'hui inaccessible aux jeunes couples, aux familles modestes. Sa population vieillit. L'école maternelle de Camiade est menacée dans son existence même, car le quartier compte peu de jeunes enfants. Les commerces de détail sentent cette évolution inexorable et voient leur clientèle baisser lentement, faute d'un renouvellement des générations suffisant. La construction de l'écoquartier, avec ces 110 logements sociaux, ces 50 logements en accession sociale, ces 110 logements à prix maîtrisés pour résidences principales, offrait une cure de jouvence à Montbrun. Nous (je dis nous car j'y habite), nous vieillirons ensemble, tranquillement.
Peinards...
Et nos héritiers vendront un bon prix une maison qu'ils ne pourront conserver car trop chère.
J'aurais aimé être bousculé par la jeunesse, avoir près de chez moi un quartier vivant qui expérimente d'autres façons de vivre ensemble. J'aurais aimé des commerces qui prospèrent, une école pleine de bambins, J'aurais aimé... Dommage.
Je me promènerai les belles soirées de printemps, avec les gens de mon âge, dans un beau vallon au milieu duquel coule un ruisseau, accompagné des "tû-tû" des crapauds accoucheurs. Tranquille... Les enfants ne joueront pas autour de moi.
Photo en tête d'article: Le vallon du Maharin, après le défrichement de l'automne.
Photos ci-dessous: vues du futur écoquartier..