"N'es-tu pas amer, après les résultats des municipales de dimanche dernier? Vous aviez tellement travaillé pour les angloys! ". Voilà une question qui m'est beaucoup posée depuis trois jours. Réponse.
Réponse qui ne vaut que pour moi bien sûr, chacun pouvant réagir différemment face aux résultats très décevants pour mes colistiers et moi-même.
Pendant six ans, j'ai beaucoup travaillé, tout comme les autres élus de l'équipe Espilondo. Notre bilan en témoigne; on peut peut-être nous reprocher d'avoir mal fait, mais personne ne pourra nous accuser de n'avoir rien fait. Jamais la ville n'avait autant bougé, jamais la municipalité n'avait autant investi, donc réalisé. Et je crois sincèrement que nous avons relancé Anglet, nous avons crée une dynamique qui se poursuivra nécessairement. Anglet a épousé son temps: Des emplois ont été crées, des logements accessibles à toutes les bourses sont sortis de terre, des équipements trop longtemps attendus ont été réalisés. Un nouveau PLU a vu le jour adossé aux principes du développement durable, qui permet à la fois de préserver la ville-jardin et d'offrir des logements aux jeunes générations.
Ce bilan, nul ne pourra l'enlever aux angloys.
Certes nos successeurs pourront peut-être arrêter tel ou tel projet, remettre en cause notre politique culturelle ou sociale, mais ce qui est fait est fait! Les 1127 logements sociaux financés ont vu le jour ou seront très vite engagés. La patinoire rénovée, la maison pour tous agrandie, les places publiques redessinées, l'aménagement des falaises du littoral sud, la salle culturelle, la crèche Maylis de Menditte, la maison de retraite du Maharin ... font maintenant partie du paysage angloy. Et j'en suis fier.
Voilà pourquoi je suis triste mais ne suis pas amer.
"Mais enfin, quel désaveu pour votre politique" insiste certains de mes interlocuteurs. "L'urbanisme que tu a promu est massivement rejeté par la population. La densité, les hauteurs! voilà ce qui vous a fait perdre".
Il me semble que les électeurs ont d'abord dit non à une politique nationale qu'ils ne comprennent pas et dont les effets les atteignent dans leur vie quotidienne. Comment leur en vouloir? Le décalage est trop grand entre les promesses de campagne -"mon ennemi c'est la finance"- et la réalité gouvernementale. On peut gagner une élection en habillant d'arc en ciel un avenir sombre, mais on discrédite la politique a ne pas tenir un langage de vérité aux citoyens. Les anciens candidats devenus président - ou maire - s'exposent ainsi aux revers les plus cinglants, entraînant leurs amis dans la débâcle. Nous sommes sans doute victime de la politique de rigueur, injuste de surcroît, qui frappe surtout les plus modestes pendant que d'autres s'enrichissent en spéculant. Mais nous sommes surtout victime du sentiment très fort que les politiques trichent, ne disent pas la vérité, ne pensent qu'à leur carrière et au final sont impuissants à agir sur le réel. Le décalage entre promesses et réalités est trop grand.
Ce qui est désespérant c'est que les électeurs continuent à se vendre aux faiseurs de rêve plutôt qu'à ceux qui leur disent la vérité. Balkany et Dassault, malgré leurs casseroles judiciaires, sont réélus par leurs électeurs pendant que des maires honnêtes et sérieux tombent pour avoir refusé démagogie et clientélisme.
A Anglet nous avons perdu la bataille parce que la vague submersive bleue et bleue marine était trop forte, comme ailleurs. Et le discours simpliste - et faux - du candidat de la droite, dans un tel contexte, pouvait rassurer un électorat désemparé.
Hauteur, densité, nous ont fait perdre? Je ne sais, mais ne regrette rien. Nous avons tenu un discours cohérent, celui de l'écologie. Si on refuse l'étalement urbain, si on veut "construire la ville sur la ville" en préservant les respirations vertes et le caractère de ville-jardin des quartiers pavillonnaires il faut nécessairement densifier certains secteurs, soigneusement choisis pour à la fois loger les nouveaux venus et diminuer la place de la voiture. C'est ce que nous voulions faire, c'est ce que nous avons expliqué... en vain semble-t-il. 70 réunions, publiques ou avec les associations, de nombreuses publications tout au long du mandat, n'auront pas suffit. Il était plus facile de dire à l'opinion ce qu'elle avait envie d'entendre, faire référence à l'Anglet d'antan, parler d'un urbanisme "à échelle humaine", en se gardant bien de mettre derrière ce slogan un projet précis. Mais je suis sûr que dans les faits, la nouvelle équipe, au delà de quelques mesures symboliques, ne remettra pas en cause l'économie générale du PLU que nous avons voté, et qu'elle avait vigoureusement combattue.
Les électeurs angloys ont choisi l'alternance. A la nouvelle municipalité de faire la preuve de sa capacité à bien servir notre ville et ses habitants. Pour ma part, tout en cultivant mon jardin, je serais attentif à la vie locale angloye.
Photo: l'ex nationale 10, un axe majeur à réaménager.